Le chant des sirènes ; Micha J. Archimède

Elle lui offrit un sourire nerveux.
« Eh bien c'est difficile si vous refusez de faire ça.. »

Ça... Cela sonnait comme un reproche. Il se renfrogna. Ce n'était pas de sa faute s'il ne voulait pas, après tout. Elle devait l'accepter comme il était, sinon, ils n'arriveraient jamais à s'entendre convenablement.
Pour ce qui était de son cas, Micha l'acceptait très bien, elle.

Nytrogène regarda le ciel en s'allongeant.
« Je suis désolée, je ne devrais pas vous le reprocher. »

Il s'approcha et s'allongea à ses côtés, en prenant grand soin de ne pas la toucher. Il porta à son tour son regard sur le ciel.

Elle sourit et tapota son épaule avec son nez
« Je ne suis pas radioactive... »

Il s'excusa en souriant.

- Je ne voulais pas vous frustrer.

Elle s'approcha et posa sa tête sur son dos.
« ca ira. »

Il ne bougea pas, bien que ce contact le faisait se sentir très mal. Pour lui, il n'y avait pas besoin de bisou ou de calin pour se dire je t'aime. Un mot, un regard, un comportement... C'était tout simple.
Enfin, il ne voulait pas la frustrer. Alors, il ne bougea pas.

Nytrogène resta immobile, profitant.

Au bout d'un moment, il gigota un peu.

Elle se redressa, le fixant.

Et il ne bougea plus, ne la sentant plus contre lui. Le regard fixé sur le ciel, qui se parait de milles couleurs de feu.

Nytrogène se rallongea près de lui, prenant garde de ne pas le toucher, refrénant à grands regrets son côté tactile.

Chacun son tour !
Micha émit un profond soupire, alors qu'il s'allongeait complètement, fermant les yeux et posant sa tête dans l'herbe verte et douce. Après quelques instants, il posa son regard sur le ciel orangé, et suivit les nuages des yeux. Il pouvait passer des journées entières à regarder les nuages.

La jument finit par s'assoupir, respirant doucement.

Il resta éveillé jusqu'à la nuit tombée, puis s'endormit lui aussi, apaisé par la respiration calme et régulière de Nytrogène.

Nytro se réveilla au matin, le soleil venait tout juste d'entamer sa course dans le ciel azuré. Elle se leva discrètement et alla brouter un peu, ramenant quelques pommes qu'elle trouvait, juste pour le plaisir de voir l'effet d'une surprise sur le mâle.

Micha se réveilla en douceur. Son regard se posa d'abord sur le ciel azuré, alors qu'il se levait prestement. C'est lors d'un long bâillement qu'il découvrit les pommes, et cela le coupa dans son élan alors qu'il voulait s'étirer. Il chercha la pie du regard et la vit en train de brouter. Alors, il prit une pomme et la fit rouler jusqu'à elle, dans un sourire, avant d'en croquer une autre.

La jument l'avait observé du coin de l'oeil. Satisfaite, elle croqua la pomme et s’ébroua avant de le rejoindre au trot.

Il avala sa bouchée et la remercia. Puis il croqua dans un autre fruit et perdit son regard sur la vaste pelouse verte, pensif.

Elle s'arrêta à quelques pas de lui.

Il l'observa un instant, puis s'approcha de quelques pas aussi, si bien qu'il n'y avait plus qu'entre eux une foulée.

La jument ne la franchit pas, lui laissant le loisir de le faire ou non.

Il lui sourit alors, et se détourna d'elle, portant son regard vers le ciel.

- Il va faire chaud aujourd'hui.

Elle eut alors l'impression d'avoir raté une occasion de le toucher. Elle n'en laissa rien paraître et fixa le ciel.
« Sûrement... Je ferais mieux de me mettre en route alors. »

» Micha Jeroen Archimède.