¥ - Divine, Candide, Libertine. - ¥

& Elle allait, allures altières et majestueuses, elle allait vers Hélios, dans le jour décadent. Encore une fois, jour après jour, elle le tuait. Elle le tuait pour élever dans le cieux la blanche et douce Séléné.

Nathaniel prenait un bain de soleil sur le sable humide, les vagues venant lécher son corps crème, alors qu'il se laissait aller à la contemplation d'un ciel sans nuage, et dont l'immensité n'avait de limite.

Gracile, elle laissait courir ses lèvres brunes sur le sable blanc. Se dessinait alors sur l'horizon coloré une silhouette aux doux reflets ivoire. Elle si délicate, s'approcha, hors du temps, et se glissa calmement à son côté. "Aphrodite." Sa voix était suave et enjôleuse, habituelle.

Et dans le l'immensité bleu se dessina alors deux orbites flamboyantes de vie, et brunes et suaves. Un clignement d'yeux, un fin sourire étirant ses lèvres, et il salua la nouvelle venue, avec autant de douceur dont elle venait de faire preuve avec lui, et comme elle, de son nom.

- Nathaniel.

Il s'échappa à son regard dans le sien, et se leva, sa robe crème pleine de sable et humide.

Et vous la regardiez, du haut de votre Olympe enorgueillie. Pensait-elle bien, pensait-elle mal? Sur ses lèvres, un sourire. Elle posa un genou à terre, la nuque offerte presque. Et la muse se relève. "Un fier nom que vous avez là. Savez-vous qui vous l'a laissé?"

Il pinça les lèvres quelque peu, mais un sourire vint bien vite les étirer. Il avait tôt fait de s'illuminer pour chasser les nuages.

- Mmh, oui. Et vous, ce doit être un grand honneur de porter le nom de la déesse... de la sensualité ?

Amour, et sexualité disait-on. Donc, sensualité dans les deux cas. Non ?

Un sourire amusé passa sur les lèvres de la demoiselle de feu."Exact, c'est bien elle. Ils me disent porteuses des 7 pêchés. Ils me disent esclave de la luxure. Alors, c'est normal qu'ils m'aient liés à ce nom. Il est vrai que c'est un véritable honneur pour moi." La muse replongeait ses opales ambrées dans les siennes. "Mais, plutôt, parlez moi de vous, cavale aux yeux de l'océan."

- Si jeune... ?

Mais il n'y avait pas d'âge pour les désirs. Nathaniel lui offrit un léger sourire alors. Et lorsqu'elle plongea ses yeux dans les yeux, il releva quelque peu la tête. Intimidé ? Aucunement. Il aimait son regard.

- Et que voulez-vous savoir sur moi ?

Elle baissa la tête, fermant les yeux quelques instants. "Oui." & déjà, elle se redressait, toujours le même sourire suave et cristallin sur les lèvres. L'entier blanc avait rapidement trouvé la sympathie de la jeune femelle. "D'où venez-vous, bellâtre?"

Son naturel joueur et enjoué lui permettait de passer outre les questions, d'une façon tout à fait personnelle. Nathaniel n'était pas du genre à se dévoiler, lui et son passé. Mais loin de lui l'idée de fermer la porte au nez de l'alezanne. Il n'était pas froid, c'était plutôt tout l'inverse.

- D'où voulez-vous que je vienne ?

Un sourire charmeur accompagna cette galipette. Il se porta sur le côté gauche de la jument, tout en plongeant son regard dans le sien.

& déjà, le soleil trépassait. Il sombrait dans la mer infinie, rougie par le ciel devenu écarlate. Un sourire enjoué passa sur les lèvres du mâle aux reflets presque divins. "Oh, qu'en sais-je! Peut-être des montagnes immenses, ou bien du désert torride et..." & au delà des paroles, elle ne parlait qu'à travers son regard ambré sensuel. Elle suivit des yeux l'entier passer sur son côté gauche, se contentant de dilater ses naseaux finement ourlés.

Il lui sourit alors, ne donnant réponse à sa question, mais lui retournant, avec douceur et aplomb.

- Et vous, dame, venez-vous du ciel ?

Gardant ce même regard, elle déroula son col, faisant un pas vers lui. "Oh grand jamais! Là d'où je suis native, le ciel est bien loin. Seule la bestialité et la nuit règnent."

Il pencha sa tête légèrement de côté, alors.

- Fille de la nuit et des sauvageries... ?

Il sourit, son regard s'allumant d'une lueur malicieuse, alors qu'il balayait une nouvelle fois le visage de l'alezane, dont il ne se lassait pas.

Elle si charmante et douce, quels regrets se cachaient piteusement en son coeur meurtri ? Elle s'abaissa la nuque, offerte presque."Hélas, oui. Et je..." Ses paroles se noyèrent dans sa gorge. Elle ne pouvait lui dévoiler les horribles coutumes qui se déroulaient en sa terre natale."Ô ange sans ailes, tournons-nous vers d'autres sujets." & déjà, son immuable sourire revient, alors que de son regard elle caresse les traits épurés du mâle.

Il perdit son sourire lorsqu'il la vit faiblir. Il ne la forcerait pas, si elle ne le désirait pas. Nathaniel n'était pas de ce genre là. Le crémeux émit un très faible ronflement, alors qu'il croisait de nouveau les prunelles de l'alezane. Et son sourire revint.
Et il comprit, qu'elle était tout comme lui, cachée derrière un masque figé dans le bonheur, à chaque instant. Et chaque instant, faisait parfois souffrir.

- Vous aimez la poésie, Aphrodite ?

Vif d'esprit, il rebondissait sans cesse, pour combler les désirs de l'alezane.

& déjà, il se montrait compréhensif. Les deux êtres ne se quittaient des yeux: chacun était attiré par l'autre."Oh, j'en suis ferrue!" Encore, elle se rapprocha de lui. Désormais, seuls quelques centimètres les séparaient. Elle ronfla doucement des naseaux.

Il se tourna alors vers elle, se rapprochant un peu plus à son tour.

- Et quel genre de poésie, donc ?

Et sa bouche se tordît en un malicieux sourire. Son regard se promenait sur le visage doux du crème. "D'amour." Sa voix était devenu un murmure.

Il tendit l'encolure alors, comme un cygne, pour presque toucher les naseaux de l'alezane, dans un sourire lui aussi.

- Et l'amour ? Quel amour ?

Elle sentait son souffle brûlant et suave dans ses naseaux dilatés. Sa queue fouetta ses cuisses et son corps entier frémissait."L'amour tendre, l'amour violent, l'amour sensuel, l'amour passionné." Et déjà, elle pressa ses naseaux contre les siens.

Il ne s'enfuit pas à son contact, se contentant de sourire un peu plus, ses yeux plongés dans ceux de la demoiselle.

- Et tout l'amour du monde pour vous dame, ne suffirait pas... et ces quelques mots sont bien maigres, mais c'est tout ce que j'ai à vous offrir.

De ses yeux brillants de malice et de volupté, elle ne pouvait le quitter du regard."Oh Nathaniel, je suis certaine des choses merveilleuses se cachent en vous."Elle le dépassa alors, laissant courir son souffle incandescent sur son épaule et son flanc.

Il frémit légèrement au contact du souffle de l'alezane, et lui offrit un autre sourire, un peu plus charmeur peut être.

- Des milliers, dame. Mais face à vous, elles se font timides. Vous les surpassez toutes.

La Muse de Feu s'immobilisa, écoutant avec délice et avidité les dires du Mâle. Et lorsque ses yeux passèrent sur le siens, elle vit ce regard plus passionné, plus charnel, plus intense. "Montrez les moi, Aigle aux yeux d'azur, montrez-moi ce que vous êtes." Et elle repassa devant lui, les naseaux dilatés, le corps frémissant.